La tête à off

Artiste non conventionnelle, Brigitte Matte crée sans intention, sous l’impulsion, la tête à off. C’est entourée de musique — de son propre aveu, celle-ci lui colle à la peau —, qu’elle plonge. Avec des pinceaux larges, des spatules et même les doigts, elle peint couche sur couche, d’une manière presque sensuelle, à la recherche de textures, de dimensions. Puis, s’imposant le recul et en appelant de son imaginaire, elle remue, modèle, sublime l’abstrait, encore.

Gérante d’artistes et directrice artistique convoitée — figurent notamment sur la longue liste de ses collaborateurs Michel Rivard, Boucar Diouf, Yann Perreau et Catherine Major —, la femme d’affaires a toujours avalé les heures au rythme effréné de sa passion… Jusqu’au jour où elle s’est sentie fragilisée. C’est ainsi, en force tranquille rendue vulnérable qu’elle commence à peindre, dans une visée thérapeutique, « avec le cerveau droit », explique-t-elle, là où se bousculent les émotions. Des gestes instinctifs et du « laisser-aller » imposé des débuts, elle a tiré un plaisir nouveau, salvateur. Un ravissement même, qui l’a menée à explorer, et à parfaire sa technique, désormais reconnaissable, entre les murs du département d’arts visuels de l’UQÀM.